Seed Money
Le dispositif Seed Money vise à apporter un premier soutien financier aux projets transfrontaliers innovants au sein d’Eucor - Le Campus européen.
Créé par les universités pour favoriser l’échange et la mise en réseau des enseignants et des chercheurs des établissements membres, ce financement peut être accordé aussi bien à des projets dans le domaine de la formation que dans celui de la recherche et de l’innovation (dont les projets de formation doctorale). Actuellement, le dispositif est doté à hauteur de 300 000€ par an, le financement maximum pour un projet étant de 60 000€.
Plusieurs projets portés par l'Université de Haute-Alsace ou dont l'UHA est partenaire ont été sélectionnés pour obtenir ce financement.
Le projet intitulé “Food democracy and meta-organizations” a été sélectionné à l'occasion de l'appel à projets Seed Money 2019. Il est porté plus précisément par la Faculté des Sciences Économiques, Sociales et Juridiques (FSESJ – Campus Fonderie) et le Centre de Recherche en Gestion des Organisations (CREGO).
Ce projet a pour objectif de créer un consortium de 13 chercheurs provenant de 4 établissements membres d’Eucor - Le Campus européen (5 de l’UHA, 3 de l’Université de Strasbourg, 3 de l’Université de Bâle et 2 de l’Université de Freiburg) qui collaborent déjà sur le thème de la démocratie alimentaire et la mobilisation des parties prenantes dans la promotion de modèles agro-alimentaires alternatifs. Ils développent des approches complémentaires dans les domaines de la sociologie, l’économie, le management, la géographie et la philosophie.
Témoignage - Sébastien Mainhagu
Sébastien Mainhagu est professeur en Sciences de gestion à la FSESJ et membre du CREGO.
Qu'entendez-vous par "démocratie alimentaire" ?
"Par démocratie alimentaire, nous entendons le fait que des consommateurs et des producteurs peuvent développer un pouvoir de décision quant aux modes de production, de distribution et de consommation, à la protection de l’environnement, à la détermination des prix. La démocratie alimentaire consiste en un partage du pouvoir de décider, en une recherche de rapports de pouvoir équilibré entre producteurs et consommateurs qui permet à la fois de viser une rémunération juste des producteurs et un accès des consommateurs, quelle que soit leur situation sociale, d’accéder à une alimentation de qualité. La démocratie alimentaire peut être considéré comme un projet de société qui met en dialogue des parties prenantes aussi bien au niveau local qu’international, des acteurs privés, des institutions et des mouvements citoyens. La démocratie alimentaire est enfin considérée comme l’une des voies de réponse aux grands défis environnementaux."
Quelles sont les premières étapes que le Seed Money vous permet de financer ?
"Le financement Seed Money va tout d’abord permettre de financer des rencontres entre des chercheurs de plusieurs disciplines, des représentants des sciences sociales mais pas seulement. Il nous permet de collaborer avec d’autres chercheurs des universités du Rhin Supérieur. À terme, le consortium va pouvoir établir des projets en commun en vue de répondre à des appels à projets ANR ou Interreg. C’est également l’occasion pour nous de rencontrer des acteurs de terrain dans le domaine de l’alimentation, comprendre comment ils fonctionnent et voir comment ils produisent des règles et des dispositifs pour permettre cette organisation de l’alimentation saine et accessible à tous."
Pourquoi avoir postulé à ce dispositif ? Quelles étaient vos motivations ?
"Un groupe de chercheurs travaillait déjà sur ces sujets au sein du CREGO et d’Humanis (Laboratoire de l’EM Strasbourg – Unistra). Cette dynamique de recherche sur ces sujets était déjà lancée. Cela a conduit à avoir quelques contacts avec d’autres universités lors de manifestations. Ce programme de recherche a été l’occasion de créer une dynamique transfrontalière."
Ce projet aurait-il pu voir le jour sans Seed Money ?
"Sans ce financement, le projet n’aurait pas pris cette dimension internationale et transfrontalière. Au-delà des rencontres régulières avec les confrères pour apprendre à travailler (i.e., interdisciplinarité, enjeux de recherche et publication propres à chacun, enjeux de communication, de carrière propres à chacun), le financement Seed Money nous permettra également d’organiser un colloque en octobre 2021. Cet événement sera ouvert à des chercheurs et des praticiens."
Qu'est-ce que le travail en réseau européen peut vous apporter ? N'y a-t-il pas de concurrence entre établissements ?
"Dans le domaine de la recherche, il y a toujours de la concurrence entre les établissements. Pour autant, dans le secteur de l’économie sociale et solidaire, l’esprit est plutôt collaboratif, les différents acteurs sont sensibles à travailler ensemble et partagent des valeurs communes. Nous avons montré une volonté de travailler en réseau avec d’autres chercheurs d’autres institutions. Il est également important de favoriser les liens avec d’autres institutions avec lesquelles nous ne sommes pas habitués à travailler. Nos collaborations sont plus approfondies dans le Rhin Supérieur."
Quels sont les défis auxquels vous devez faire face pour le travail en commun ?
"Nous travaillons en anglais pour faciliter les échanges, dans un premier temps, ainsi que pour certains collègues en allemand. Nous nous confrontons également à des défis d’organisation : s’entendre sur un programme de recherche ou une organisation de colloque. Il faut faire en sorte que les projets individuels et ceux collectifs déjà existants puissent se rencontrer. Les différences de problématique, de cadres théoriques, de méthodologies de travail rendent plus difficiles l’émergence d’un projet unique. Il faut trouver un terrain d’entente pour respecter les logiques de chacun et que chacun y trouve un intérêt. Nous sommes arrivés à trouver un fil conducteur commun pour réaliser à bien ce projet."
Le projet Formation “Eucor – Languages“, porté par l’Université de Strasbourg réunit trois autres partenaires du réseau Eucor – Le Campus européen dont l’Université de Haute-Alsace, l’Université de Bâle et l’Université de Freiburg. Il bénéficie d’un financement à hauteur de 24 000€.
Le projet a pour objectif d’établir des relations entre les départements de langues modernes des quatre universités membres du Campus européen qui proposent des diplômes en langues modernes et en philologie des langues étrangères. Des rencontres régulières entre les départements (personnels et étudiants) sont programmées, un coordinateur est également prévu afin de faciliter les contacts.
Le financement de ce projet permettra de créer une dynamique positive et de stimuler d’autres possibilités de coopération. L’objectif est de voir émerger des projets indépendants, du plus petit au plus grand, et à différents niveaux (projets étudiants, universités d’été…) avant la fin du financement Seed Money.
Témoignage de Samuel Ludwig
Samuel Ludwig est professeur d'Anglais à la FLSH et membre de l’ILLE.
Qu'est-ce que le Seed Money apporte en plus de votre coopération déjà existante ?
"Le Seed Money nous a permis d’avoir un financement, toujours bon à prendre dans le cadre du développement de notre projet. C’est toujours bénéfique de coopérer entre universités. Ce genre de financement permet d’initier des choses."
Quel sera le rôle de l'UHA au sein de ce projet ?
"Ce projet permet à l’UHA de collaborer avec d’autres universités dans divers domaines et notamment les langues dans notre cas. Nous souhaitons, par ce projet, mieux appréhender nos collègues et homologues suisses ou allemands pour mieux collaborer. Les choses sont plus simples, les échanges sont facilités et la coopération ne peut qu’accroître si on connaît mieux nos collègues et leur fonctionnement."
Qu'est-ce que le travail en réseau européen peut vous apporter ?
"C’est toujours utile de connaître des collègues dans les universités voisines, dans n’importe quel domaine. Nous ne sommes pas dans une logique de concurrence mais plutôt de travailler ensemble, de mettre en commun nos contacts et nos relations afin de créer un réseau dense d’acteurs. Nous souhaitons nous baser sur les réseaux et relations qui existent déjà pour étoffer tout cela et le consolider."
Quels sont les défis auxquels vous devez faire face pour le travail en commun ?
"La barrière de la langue n’est pour nous pas un souci, nous parlons anglais entre nous. Nous faisons face plutôt à des barrières administratives et structurelles. Les universités ne fonctionnent pas de la même manière en France, en Suisse ou encore en Allemagne. Les maquettes de formations diffèrent tout autant et il est parfois difficile de proposer des échanges ou autres entre les institutions."
Avez-vous déjà quelque chose de concret au sein de ce projet ?
"Le groupement EARS (English and American Rhenish Scholars) existe depuis de nombreuses années, c’est une vraie collaboration académique au sein des équipes d’enseignement. Nous souhaitons poursuivre dans ce sens et élargir ce cercle de coopération. Nous voulons montrer qu’au niveau des départements d’anglais, la coopération est possible et durable. Les autres départements, quels qu’ils soient, peuvent également étendre leur réseau et collaborer avec d’autres universités. Je pense qu’il est essentiel pour les petits départements de trouver des homologues pour nouer des relations plus étroites et récolter un certain soutien extérieur."